Repérer et contrer les croyances des éco-spiritualités

Cet atelier a été préparé pour les Rencontres internationales de la classe dehors à Poitiers du 31 mai au 4 juin 2023.
Conformément à l’esprit de ces rencontres il est partagé ici sous la licence CC BY SA 4.0 pour que chacun puisse se l’approprier et le modifier librement.

2 modalités possibles de l’atelier 

  • à destination des enseignants avec pour objectif -> Outiller pour être attentif aux croyances souvent véhiculées avec l’écologie afin d’éviter d’y exposer les élèves ou pour les décrypter avec eux. 
  • à destination des formateurs et des cadres avec pour objectif -> Repérer pour mieux les éviter les propositions de contenus de formation qui relèvent de croyances

Durée : 1h

Matériel : 12 fiches imprimées – post-it – feutres – smartphones des participants

Introduction (15 mn maximum) : 

Présentation du déroulement de l’atelier

L’urgence écologique est là, c’est attesté, réel, avec un consensus concernant les constats et le fait que les causes sont liées à l’activité humaine. 

Tout le monde s’empare de la question avec parfois de la peur (qui gêne la pensée) et très souvent de la naïveté et beaucoup d’ignorance.

Il faut s’informer pour ne pas transmettre sans le vouloir ni le savoir des choses ne relevant pas de l’École (pseudo-sciences, croyances new-age) ET pour ne pas se faire manipuler (dérives thérapeutiques, sectaires).

Cela semble complotiste, “ils sont partout…” mais il y a vraiment de ça. 

L’idée que la nature est bonne par essence est très prégnante, cela nous conduit à accepter de nombreuses choses comme étant évidentes et légitimes.

Le but de cet atelier est d’aiguiser le repérage de ces éléments pour éviter que des croyances entrent dans l’École à notre insu, avec notre complicité involontaire. 

Deux précisions que vous n’êtes pas obligés de croire mais auxquelles je vous invite à repenser plus tard, notamment quand vous aurez exploré la question via les ressources que je vous laisserai à l’issue de l’atelier.

1- Il n’y a pas d’organisation (association, parti politique, ONG…) sur la question de l’écologie qui ne soit pas pénétrée plus ou moins fortement par des croyances pseudo-scientifiques et de type new-age, elles sont d’ailleurs aussi omniprésentes dans notre société, y être vigilant à l’École relève du respect du principe de laïcité et protège la liberté de conscience des élèves.

2- L’idée très répandue “ça ne peut pas faire de mal” s’entend et se vérifie dans la plupart des cas, MAIS pas toujours ce qui rend cette maxime fausse : ne pas être attentif à ces risques c’est exposer potentiellement des élèves, des familles, des enseignants, nous-mêmes aussi.        

Activité (35 mn) :

Vous étudiez les fiches qui sont des extraits de sites Internet et les organisez en 3 catégories : 

  • a priori positif -> vous pensez pouvoir faire appel à cette organisation pour une intervention en classe / en formation ou recommander ce contenu / cette documentation (on est d’accord que même dans ce cas il faut prendre contact et vérifier soigneusement…) 
  • a priori mitigé -> il y a un ou plusieurs éléments qui vous semblent peut-être problématiques, vous devez vraiment creuser avant d’écarter ou retenir cette option
  • a priori négatif -> il y a un élément rédhibitoire ou une accumulation d’éléments problématiques, vous écartez cette option ou vous l’utilisez pour un travail d’analyse critique

Il n’y a pas de “bonnes” ou “mauvaises” réponses absolues, ce qui compte vraiment ce sont les échanges, les arguments et les informations que vous avez ou que vous trouvez en ligne par exemple. 

Vous pouvez aller voir les pages sur Internet via les QR codes pour avoir plus de contexte. 

Au fur et à mesure, vous préparez des post-it indiquant l’élément qui vous semble poser question (1 élément par post-it, il peut y avoir plusieurs post-it pour une même fiche) et vous les collez à l’endroit indiqué par l’animateur ou l’animatrice de l’atelier. 

Mise en commun finale (10 mn) : 

On se rassemble autour des post-it, on les compare, on en discute.

Pas de conclusion, on reste ouvert sur les questionnements amorcés et chacun repart avec la liste (papier et/ou numérique) des ressources pour creuser la question et une fiche repère.   

Ressources pour s’informer sur écologie et dérives :

Documents pour mettre en œuvre l’atelier :

Consigne et tableau


Les fiches reprenant des éléments de sites Internet :

À retenir et pour aller plus loin

Un manuel d’auto-défense contre les trolls

Il y a un an maintenant j’ai décidé de me lancer dans l’écriture d’un livre… En effet, ayant acquis une certaine expérience dans ma confrontation régulière avec des trolls sur Twitter et me désolant de voir des contacts précieux quitter la plateforme ou choisir de s’exprimer beaucoup moins, j’ai souhaité pouvoir partager mon expérience et aussi ma documentation sur le sujet.

J’ai d’abord pensé à ce que je sais faire, un blog avec des billets et des références sur les trolls et les moyens de leur faire face mais… vu le sujet il m’a semblé pertinent, à la fois pour toucher un plus large public et pour éviter les polémiques stériles en ligne, de me lancer dans l’écriture d’un “vrai livre en papier” !

J’ai alors consacré mes week-ends à des lectures ciblées, à la rédaction et en même temps à la recherche active d’un éditeur pouvant être intéressé par mon projet. C’est via mes contacts sur Twitter que j’ai pu obtenir des rendez-vous chez plusieurs éditeurs et signer chez Dunod. J’ai aussi trouvé sur la chaîne YouTube de l’auteure Samantha Bailly de précieux conseils pour l’écriture et la façon de présenter mon projet aux éditeurs.

Le résultat est un ouvrage à la fois léger, informatif et utile. Sans prétention “scientifique” il interroge néanmoins le phénomène avec l’ambition de donner des clés pour mieux vivre la confrontation avec les trolls et même, pourquoi pas, en tirer des bénéfices. Il ne s’agit pas du tout de régler mes comptes avec mes trolls, ou de raconter par le menu ce qu’ils m’ont fait et ce que je leur ai répondu… surtout pas !

Après une première partie qui tente de définir ce que sont les trolls, le livre parle beaucoup plus de nous, nous les 94% d’internautes* parfois maladroits mais globalement bienveillants et respectueux des autres dans nos échanges en ligne. Nous sommes beaucoup plus nombreux qu’eux, il n’y a donc aucune raison de nous laisser intimider ! Très pratique et concret l’objectif du livre est de nous aider à déterminer ce que provoquent chez nous les trolls et les différentes options qui s’offrent à nous pour les contrer, les supporter ou les ignorer. Il ne contient pas de réponse unique et magique mais différentes pistes pour finalement à peu de frais, profiter de nos trolls pour mieux nous connaître, tester notre résistance, notre sang-froid, notre sens de la répartie et la rigueur de notre raisonnement. Le livre propose une palette de conseils et d’astuces pour identifier nos émotions, choisir nos actions, communiquer avec efficacité en fonction des buts que nous nous sommes fixés, ne pas nous laisser déstabiliser par les trolls ni envahir par nos combats en ligne. Nulle obligation de leur répondre ou de les affronter directement, mais le “don’t feed the troll” n’est pas non plus une règle absolue.

Enfin, la dernière partie élargit la problématique, au delà des trolls, à la question de la lutte contre les discours de haine en ligne. En effet, ces espaces communs sur le Web méritent qu’à notre mesure, nous contribuions à les rendre plus sympathiques, accueillants et instructifs.

Mon livre ne s’adresse pas qu’aux enseignants mais plus largement à toute personne qui profite de sa présence en ligne pour militer et défendre des valeurs. Que vous ayez déjà été confronté à des trolls, que vous les redoutiez ou que vous ne les connaissiez pas (encore), l’ouvrage devrait vous apporter des informations et des outils vous permettant d’aborder les trolls avec recul, sérénité voire amusement.

Il sortira le 20 février 2019, il est possible de le précommander ici.

Voilà, j’espère que ce travail sera utile et contribuera à lever le tabou qui consiste, non seulement à ne pas parler aux trolls mais à ne même pas oser parler d’eux… il est en effet difficile de faire face à ce qui fait peur de façon diffuse parce que mal défini et demeurant dans l’ombre.

Vous trouverez des éléments concernant le livre et des informations complémentaires sur le blog compagnon de l’ouvrage à cette adresse : http://dompterlestrolls.fr/

*L’étude « Trolls just want to have fun » estime que les trolls représenteraient moins de 6% des internautes, voir cet article en français

Retour sur la décision du Conseil de l’ordre des médecins concernant l’ « autisme virtuel » du Dr Ducanda

Suite à la médiatisation par le Dr Ducanda d’un supposé “autisme virtuel” provoqué par la surexposition aux écrans, des parents d’enfants autistes avaient saisi le Conseil de l’ordre des médecins d’Île de France.
Voir à ce sujet notre billet “L’autisme virtuel” est une panique morale et non une alerte sanitaire !

N’ayant pas trouvé de version publique des conclusions de cette instance qui a décidé de rejeter les plaintes des parents, je me fie à la citation faite dans un article du site du Collectif CoSE dont le Dr Ducanda est une des fondatrices.

L’objet de ce billet n’est pas de contester cette décision qu’il ne nous appartient pas de juger mais de mettre en regard ce qui est mentionné pour la justifier et quelques propos effectivement tenus publiquement par le Dr Ducanda. Ainsi chacun sera à même de se forger un avis reposant sur des faits. 

Voici donc ce qui fonde la décision du Conseil de l’ordre des médecins d’Île de France rendue le 7 février 2020 telle que citée sur le site de CoSE : 

« Il ne ressort d’aucun document que le Dr Ducanda ait jamais dit ou écrit que l’autisme pourrait être provoquée par la surexposition aux écrans, ni promis la guérison de l’autisme par l’éloignement des écrans. Le Dr Ducanda, fait valoir qu’elle a constaté au cours de ces consultations de médecin de PMI de l’Essonne, que de plus en plus d’enfants âgés de 0 à 4 ans présentaient des troubles identiques aux Troubles du Spectre Autistique, qu’elle a fait le lien entre ces troubles et la surexposition aux écrans à laquelle ces enfants étaient confrontés et a décidé de mener une action d’information sur ce point…; que le devoir du médecin étant de prévenir de la survenue d’un risque lié à un comportement, même si ce risque n’a pas encore été du point de vue scientifique clairement établi. Il ne saurait être reproché au Dr Ducanda d’avoir tenté d’alerter la communauté médicale afin que des études et recherches scientifiques soient entreprises concernant ces constatations, et d’enrichir le débat. »

Il ne ressort d’aucun document que le Dr Ducanda ait jamais dit ou écrit que l’autisme pourrait être provoquée par la surexposition aux écrans, ni promis la guérison de l’autisme par l’éloignement des écrans” mais elle a dit… 

12:06 “Il y a quelques années, nous demandions un bilan hospitalier pour tous les enfants avec des signes autistiques, désormais, nous explorons avant tout la piste des écrans car quasiment tous les enfants en retrait autistique que nous voyons sont exposés de façon massive aux écrans, 6 heures à 12 heures par jour, parfois depuis leur naissance avec la télé allumée au salon.” 

13:57 “Quand les parents parviennent à limiter les écrans à une heure par jour, seuls ou avec une aide, les troubles et les signes autistiques disparaissent miraculeusement ou diminuent très fortement.” 

17:41 “L’augmentation exponentielle des troubles du spectre autistique, touchent tous les pays riches et uniquement les pays riches. Est-ce parce que les pays les plus pauvres n’ont pas encore été envahis par le numérique et les écrans ? Nous posons la question car nous remarquons que beaucoup de nos petits patients progressent miraculeusement au retour d’un séjour en Afrique de plusieurs semaines.” 

4:23 “Les écrans plusieurs heures par jours, entrainent des retards intellectuels et moteurs, et chez de plus en plus d’enfants, des troubles qui sont en tous points identiques aux troubles autistiques.

… et elle n’a pas dit que non, l’arrêt des écrans ne guérit pas de l’autisme, enfin pas aussi clairement qu’un médecin devrait le faire. 

Source : commentaires sous cette vidéo

Le fait de laisser ces commentaires de “La thérapie Andaloussia pour anéantir l’autisme” qui émanent d’une personne convaincue qu’arrêter les écrans « guérit » de l’autisme est de nature à entraîner de la confusion, voire pourrait laisser penser que le Dr Ducanda soutient cette démarche. La croyance répandue par cette chaîne Youtube est évidente si on visionne quelques-unes de ses vidéos : “La thérapie Andaloussia pour anéantir l’autisme”

On a la confirmation d’un soutien avéré à cette « thérapie » trompeuse qu’est Andaloussia par Anne-Lise Ducanda sur cette publication Facebook :

Nous aurions pu de la même manière relever d’autres propos, a minima imprudents, tenus dans des émissions de télévision à des heures de grande écoute, mais celles-ci ne sont plus disponibles en replay.

Pour conclure voici un rappel de l’article R4127-13 du code de déontologie médicale : 

« Lorsque le médecin participe à une action d’information du public de caractère éducatif et sanitaire, quel qu’en soit le moyen de diffusion, il doit ne faire état que de données confirmées, faire preuve de prudence et avoir le souci des répercussions de ses propos auprès du public. Il doit se garder à cette occasion de toute attitude publicitaire, soit personnelle, soit en faveur des organismes où il exerce ou auxquels il prête son concours, soit en faveur d’une cause qui ne soit pas d’intérêt général ».

SOURCE

Photo de Sora Shimazaki provenant de Pexels

“L’autisme virtuel” est une panique morale et non une alerte sanitaire !

Ce billet rend compte d’un travail d’analyse présenté le 5 juin 2019 à la journée d’étude Les dossiers de l’écran : Controverses, paniques morales et usages éducatifs des écrans” qui donnera lieu à la publication d’un ouvrage dans les mois à venir reprenant l’ensemble des contributions.

Quand j’ai été informée de cette journée d’étude, j’y ai vu l’occasion de prendre du recul et d’analyser sous un angle sociologique l’apparition, la montée en puissance puis l’abandon de “l’autisme virtuel” et ses conséquences sur le milieu scolaire. Je remercie les organisateurs d’avoir accepté ma proposition bien que je ne sois affiliée à aucune université. J’ai bien entendu joué cartes sur table dès le début de ma présentation en indiquant mon appartenance au collectif “Stop autisme virtuel” et mon militantisme sur le sujet, ce qui ne m’a pas empêchée de traiter la question avec rigueur et honnêteté.

Contexte et origine

Voilà le contexte médiatique actuel autour des « écrans », mot qui indifférencie les pratique les supports et les contextes sociaux culturels.

“Lézécrans” c’est le MAL un “diable folklorique” au sens où le sociologue Stanley Cohen l’emploie, c’est-à-dire un objet dépouillé par les médias de toutes les caractéristiques favorables pour ne retenir que les démons négatifs.

À ces méfaits des écrans s’est ajouté en 2017 celui “d’autisme virtuel”.

Pourquoi l’autisme est-il ainsi mis en avant ? On peut faire l’hypothèse que certains aspects de ces troubles envahissants du développement sont de nature à fasciner et à faire peur : ils sont mal connus, déroutent puisqu’une personne autiste peut selon les moments paraitre “normale” ou totalement “étrange”, et en plus ils ne “guérissent” pas.

À l’origine du lien autisme/écrans, on trouve en 2006 une étude de trois économistes américains M. Waldman, S. Nicholson, N. Adilov qui s’intitule : “Does television cause autism ?”. Ils constatent que les États où il y a plus d’enfants diagnostiqués autistes sont aussi ceux où il y a le plus de précipitations, or quand il pleut, les enfants regardent davantage la télévision au lieu d’aller jouer dehors.

L’expression “autisme virtuel” quant à elle est apparue pour la première fois en Roumanie en décembre 2013, elle a été employée par le psychologue Marius Teodor Zamfir, coordonnateur d’un centre accueillant des enfants autistes, dans un article publié sur un blog.

Il y parle d’enfants “autistés” par les écrans qui ont le même diagnostic que ceux atteints d’autisme “classique” mais qui peuvent se rétablir plus vite que les “vrais autistes”. Il confirme ce “diagnostic” dans une recherche publiée en mars 2018 s’appuyant sur l’étude du cas de 110 enfants pris en charge dans des centres pour l’autisme en Roumanie entre 2007 et 2017. L’étude des trois économistes américains évoquée plus haut fait partie des références citées. Il conclut que ses résultats suggèrent un lien de causalité entre la consommation excessive d’écrans et des comportements et éléments similaires à ceux trouvés dans les TSA entraînant une incidence de l’autisme qu’il appelle “autisme virtuel”. Il est intéressant de noter que pour Marius Teodor Zamfir le terme “virtuel” dans “autisme virtuel” est en lien avec l’exposition aux écrans qu’il nomme “dispositifs virtuels”, alors que, nous le verrons plus loin, le collectif CoSE (Surexposition écrans) qui est à l’origine de son emploi en France s’appuie sur “virtuel” pour dire que bien sûr (sic) il ne s’agit pas d’un “véritable” autisme mais de troubles y ressemblant.

Chronologie médiatique

Cliquez ici pour accéder à la timeline

Il y a eu en septembre 2015 une première tribune publiée dans Le Monde alertant sur le danger des écrans pour les jeunes enfants. Elle n’évoque aucunement l’autisme ou des symptômes s’en rapprochant mais elle est signée par plusieurs personnes qui parleront plus tard “d’autisme virtuel” à savoir des membres du futur collectif CoSE dont le Dr Ducanda et la psychologue Sabine Duflo. Cette alerte ne rencontre pas d’écho médiatique…

Le point de départ de la notion “d’autisme virtuel” est une vidéo du Dr Ducanda postée sur Youtube le 1er mars 2017. Elle alerte en s’appuyant sur sa pratique, ses observations et ses déductions. Au fil de ses interventions médiatiques, elle parle tout d’abord de troubles ressemblant à l’autisme puis “d’autisme virtuel”, disant que des médecins roumains font les mêmes constats qu’elle.

Le point d’orgue de cette chronologie médiatique a été l’émission Envoyé spécial “L’addiction aux écrans, l’héroïne numérique” diffusée le 18 janvier 2018. On y découvre le “petit Rayan” présentant des troubles ressemblant à l’autisme mais qui va “beaucoup mieux” depuis l’arrêt des écrans (bon en vrai il a fini par consulter un “vrai” spécialiste de l’autisme avec plusieurs mois de retard !).

Il y a eu bien d’autres retombées ensuite et aussi de nombreuses réactions de spécialistes de l’autisme et de parents, même si elles ont été beaucoup moins médiatisées que l’alerte.

Les publications de CoSE et “l’autisme virtuel”

Le site de CoSE – Collectif surexposition écrans a été créé le 12 juillet 2017. La photo de la page d’accueil du site représente un garçon évoquant la posture typique d’un enfant autiste qui se bouche les oreilles.

La rubrique intitulée “Autisme Virtuel” apparaît en janvier 2018 sur la page d’accueil, elle mène à un texte explicatif qui débute ainsi : “Des reproches nous sont faits de plus en plus souvent sur la question de l’autisme. Mais cette colère est due à une incompréhension de nos messages. Les choses doivent être claires : nous soignons tous des enfants autistes « vrais » et nous ne disons jamais que les écrans sont à l’origine de l’autisme…” Ce billet a totalement disparu depuis, sans aucune justification du Collectif CoSE quant à cet abandon. On peut néanmoins retrouver la trace de ce texte et le lire en intégralité sur cette page qui a archivé le site tel qu’il était le 4 février 2018.

Au mois de mai 2018 l’habillage du site change, la photo du garçon a disparu, l’accueil comporte une bannière où le “o” de CoSE est remplacé par un dessin de bonhomme.
   
Ce bonhomme est la reproduction d’un dessin issu d’un article publié par un médecin allemand cité dans l’ouvrage “TV lobotomie” de Michel Desmurget. Il circule beaucoup sur les réseaux pour illustrer les méfaits de la télévision et par extension des écrans mais on sait peu de choses de l’étude dont ils sont issus. Vous trouverez un article très complet sur cette question sur ce site québecquois : “Le mystère de la spectaculaire étude sur les enfants et la télé”.

Dans son ouvrage paru en septembre 2018 Sabine Duflo distingue deux types d’enfants, ceux “sains à la naissance” qui présenteraient des troubles divers d’allure autistique et des enfants porteurs de potentialités autistiques dès la naissance et qu’un environnement saturé d’écrans ferait éclore ou renforcerait. Les premiers seraient guéris après l’arrêt des écrans et les seconds deviendraient des autistes de type Asperger après le sevrage. Vous trouverez une série d’excellents billets faisant une recension complète de cet ouvrage dont le premier est ici “Allez, on le débunke, le bouquin de Sabine Duflo ?”.

On constate là encore le décalage entre l’affichage d’intentions “politiquement correctes” du type “on dit que ça ressemble à des troubles autistiques mais ça n’en est pas tout cela est un malentendu” et des analyses totalement contraires au consensus scientifique concernant les TSA !

De la même manière, le Dr Ducanda insiste bien sur le mot “virtuel” mais dit dans sa vidéo à 17:41 “L’augmentation exponentielle des troubles du spectre autistique, touchent tous les pays riches et uniquement les pays riches. Est-ce parce que les pays les plus pauvres n’ont pas encore été envahis par le numérique et les écrans ?

Je ne vais pas lister ici tous les éléments montrant ce double discours mais il y en a de nombreux autres…

Éléments d’analyse sociologique de la “panique morale”

Le sociologue Lilian Mathieu attire l’attention sur le fait que “le concept de panique morale est l’un des plus ambigus du vocabulaire sociologique. En premier lieu parce qu’il paraît implicitement disqualifier, voire condamner, les réalités qu’il désigne. Le terme de « panique » suggère un phénomène marqué par l’irrationalité et suppose que ceux qui y sont soumis connaissent ponctuellement une forme de régression mentale, tandis que l’adjectif « morale » prête le flanc au soupçon de moralisme.

Il ne faut donc pas qualifier un phénomène de “panique morale” à la légère. Ce concept développé par le sociologue Stanley Cohen en 1972, peut être défini comme une situation dans laquelle les peurs du public dépassent largement la menace objective que représente pour la société un individu, un groupe particulier ou une pratique spécifique qui est supposé être responsable d’une menace.

Suivant le travail de Stanley Cohen les paniques morales présentent 3 éléments caractéristiques :

1) Un “diable folklorique”, c’est-à-dire une attention focalisée sur un élément qui est dépouillé par les médias de toutes ses caractéristiques en conservant exclusivement les démons négatifs.
Il s’agit ici de “les écrans”, qui non seulement provoqueraient des troubles de type autistique mais aussi plein d’autres problèmes. “Les écrans” deviennent un amalgame indistinct, responsable de tous les maux.

2) Un écart entre l’inquiétude suscitée et la menace objective.
L’inquiétude suscitée est “les écrans peuvent rendre autistes” même quand c’est formulé plus précautionneusement c’est ce qui est retenu par le public. Elle est donc bien plus importante que la menace réelle puisque la réalité de ce risque n’est montrée par aucune étude sérieuse.
Cela génère en creux un risque de “faux espoir” pour les parents d’enfants présentant des troubles autistiques avec des retards dommageables de diagnostic.

3) Des fluctuations au fil du temps dans le niveau d’inquiétude.
On voit sur le graphique suivant* un pic de préoccupation au moment de l’apparition de l’expression “autisme virtuel”, un apaisement en cours même si les conséquences ne sont pas terminées et qu’on assiste à un déplacement sur d’autres peurs.
Le pic correspond au journal de TF1 du 6 septembre 2017 pendant lequel est diffusée une séquence où l’expression “autisme virtuel” est utilisée.


Graphique réalisé avec l’outil Google Trend*

Dans cette histoire “d’autisme virtuel” nous retrouvons aussi d’autres caractéristiques typiques des “paniques morales” décrites par C. Machiels et D. Niget dans leur ouvrage “Protection de l’enfance et paniques morales”.

Une panique morale…

  • donne corps à une rumeur préexistante (la télévision provoque l’autisme)
  • exprime l’angoisse face à la modernité (le numérique et Internet dont on maîtrise pas les effets sur notre société)
  • utilise le ressort de la protection d’êtres fragiles et immatures (les jeunes enfants)
  • agite la peur d’une maladie, d’un “fléau” moral et épidémiologique (l’autisme)
  • utilise les médias comme acteurs et vecteurs de la panique morale (Youtube, presse, télévision)
  • projette des victimes dans l’arène médiatique (ici le petit Rayan exposé dans l’émission “Envoyé Spécial”)

Les membres du collectif CoSE sont-ils des “lanceurs d’alerte” ?

Le sociologue Francis Chateauraynaud donne cette définition : “un “lanceur d’alerte” est une personne ou groupe qui rompt le silence pour signaler, dévoiler ou dénoncer des faits, passés, actuels ou à venir, entrant en conflit avec le bien commun ou l’intérêt général.

Les membres de CoSE lancent une alerte dans le cadre de leur expérience professionnelle, ils cherchent à mobiliser le grand public, leurs collègues et les décideurs politiques contre la surexposition des jeunes enfants aux écrans qui comporte selon eux des risques graves et méconnus pour la santé et le développement des enfants. Ils adoptent donc bien une posture de “lanceurs d’alerte”. Cela est valorisant, crée une héroïsation de ceux qui prennent la parole (voice chez Albert O. Hirschman, 1970). Ensuite s’ils subissent des pressions ou sont mal traités ils pourront devenir des figures emblématiques de leur combat et se considérer comme des victimes de leur courage.

Voilà ce qu’on peut lire dans leur plus récente tribune du Monde du 17 janvier 2019.
Pourquoi ne pas appliquer un principe de précaution ? Pourquoi ne veut-on pas entendre les messages d’alerte concernant la surexposition des enfants aux écrans ? Des conférences de membres du collectif sont annulées, leur participation à des émissions écartée. Que craint-on ? Qui défend-on ? L’enfant ou l’industrie du numérique ?

Pour eux, ils sont écartés parce qu’ils dérangent des lobbies mais pas à cause des nombreuses critiques argumentées de spécialistes qui ont pu convaincre des journalistes, des organisateurs de conférences et une partie du grand public.

Notons en passant que cette tribune ne fait absolument plus allusion à l’autisme d’une manière ou d’une autre.

Un autre élément probant en faveur de l’hypothèse que les membres du Collectif CoSE se vivent comme lanceurs d’alerte est ce mail de février 2018 reçu par Hervé Cadiou neurophysiologiste en provenance de la rubrique contact du site de CoSE et diffusé par ce dernier sur les réseaux sociaux. Il demandait au collectif CoSE de revoir sa démarche, de ne pas s’appuyer sur une “intuition” mais sur la recherche.

On peut constater dans la réponse qui lui est faite que l’exagération à des fins d’efficacité est assumée et que le rôle de lanceurs d’alerte est clairement revendiqué par la référence au Dr Irène Frachon.

Quelles conséquences sur l’école ?

Étant enseignante, et actuellement en charge dans un syndicat des questions numérique et éducation, je me suis tout naturellement intéressée à ce que cette panique morale provoque dans le milieu scolaire.

Le Collectif CoSE est composé quasi exclusivement de membres issus du domaine médical et du soin, nous avons donc peu de liens directs avec l’école, excepté le Dr Ducanda, médecin de PMI quand elle a lancé l’alerte (elle a démissionné depuis), qui était alors en contact avec les enfants des écoles et leurs enseignants dans le cadre du bilan de santé obligatoire des enfants de 3-4 ans.

Le Dr Ducanda fait de nombreuses conférences organisées par des écoles ou des mairies destinée aux parents et aux enseignants. Comme on peut le constater dans celle-ci dont la vidéo est en ligne, elle parle beaucoup de l’école, pointe la hausse des difficulté, des handicaps, des AVS (Aides de vie scolaires maintenant appelées AESH) qui coûtent cher. Elle ne semble pas vouloir faire le lien avec la loi de 2005 sur l’inclusion scolaire et l’amélioration des diagnostics. Pour elle cela est évident que cette “explosion des troubles” est due à l’exposition aux écrans !

La médiatisation des thèses du Collectif CoSE a produit, et produit encore, des conséquences dans le corps enseignant qui pensant bien faire prend des initiatives plus ou moins malheureuses.

Voici par exemple un message diffusé par une enseignante en avril 2018 sur un réseau social puis effacé suite à une discussion sur son caractère problématique.

En effet, un professeur des écoles ne doit pas prendre l’initiative devant des signes inquiétants de renvoyer les parents vers une vidéo, fut-elle celle d’un médecin ! Il doit adresser la famille au médecin scolaire et/ou au psychologue de l’Éducation nationale, seuls compétents pour évaluer la situation et orienter les parents vers les prises en charge adaptées à leur enfant.
Pensant être correctement informés, des enseignants en toute bonne foi peuvent induire des parents en erreur, contribuer à un retard de diagnostic et de prise en charge, surtout dans un contexte de pénurie en médecins et psychologues dans l’institution scolaire.

Il y a aussi des écoles qui ont diffusé des mots à destination des parents dans les cahiers de liaison des élèves. Ce document a été publié par le site Gynger le 3 février 2018.

Cette pratique semble persister, même s’il est difficile d’évaluer son ampleur réelle, comme le montre ce mot distribué dans des écoles maternelles du 93 début 2019. On peut néanmoins noter une évolution, le terme “autisme” n’y figure pas.

Il y a aussi des conséquences concrètes concernant les élèves autistes inclus dans les écoles, pour beaucoup d’entre eux les outils numériques sont des aides précieuses, or maintenant traîne l’idée que les écrans pourraient être mauvais pour eux et “aggraver” leur autisme. Olivia Cattan, journaliste, écrivaine et présidente de SOS autisme France, postait ce message sur Facebook le 31 janvier 2018.

Les nombreuses conférences sur le danger des écrans sont susceptibles de façon directe ou indirecte de véhiculer ou renforcer des idées relevant davantage de l’alerte dramatisée que d’informations scientifiques sérieuses. Le psychologue Serge Tisseron pointe dans l’émission “Arrêt sur images” du 9 février 2018 les dangers qu’il y a selon lui à présenter aux parents une alerte qui renvoie au médical ce qui relève en fait majoritairement de l’éducatif.
C’est d’ailleurs cet aspect qui préoccupe de façon légitime les parents : comment gérer aussi efficacement que possible les problématiques du quotidien en famille qui se cristallisent souvent autour des écrans ?

La dernière publication en date du collectif CoSE dans un grand média est leur tribune du Monde du 17 janvier 2019 qui confirme le changement de registre dans leur discours : l’abandon de “l’autisme virtuel” et de toute référence à des troubles évoquant les TSA avec un recentrage sur l’épidémie (le terme est employé plus loin dans la tribune) des troubles cognitifs.

Les répercussions sur l’école, malgré l’abandon de “l’autisme virtuel”, n’ont pas fini de faire leur œuvre, il faudra beaucoup de temps pour que le lien autisme/écrans se dénoue et parallèlement le collectif CoSE en alimente d’autres, moins choquants, mais tout aussi délétères.

Dernier exemple récent, cette affiche tweetée le jour des élections européennes et ainsi commentée “en plus c’est l’occasion de se rendre dans une école primaire où l’on trouve des conseils forts pertinents.

En conclusion

Il semble difficile de nier que “l’autisme virtuel” comporte de nombreuses caractéristiques qui en font une panique morale.

Les membres de CoSE qui ont diffusé cette alerte ne peuvent strictement se revendiquer comme lanceurs d’alerte alors qu’ils ont revu leur argumentaire, en évacuant totalement toute référence à l’autisme, sans jamais s’en expliquer de façon transparente.

Par ailleurs, il parait légitime de s’interroger sur la validité des autres maux imputés aux écrans qui pourraient, eux aussi, relever de paniques morales.

Qu’adviendra-t-il par exemple des moyens accordés par l’Éducation nationale pour la scolarisation des enfants en situation de handicap si on considère que les troubles cognitifs sont majoritairement dus à une surexposition aux écrans ? Comment va-t-on par ailleurs contrer le raccourci “les écrans rendent autistes” qui risque de persister longtemps ?

Il convient donc, notamment dans le cadre scolaire, de rester vigilants pour ne pas prendre le risque de diffuser des paniques morales. Examinons avec sang-froid et lucidité les discours diabolisants – (se) faire peur empêche de penser – et cherchons ensemble avec les parents les moyens éducatifs permettant de gérer plus sereinement les activités numériques en famille.

Stéphanie de Vanssay

*L’outil utilisé ici est Google Trend : les résultats reflètent la proportion de recherches portant sur un mot clé donné dans une région et pour une période spécifiques, par rapport à la région où le taux d’utilisation de ce mot clé est le plus élevé (valeur de 100). Ainsi, une valeur de 50 signifie que le mot clé a été utilisé moitié moins souvent dans la région concernée, et une valeur de 0 signifie que les données pour ce mot clé sont insuffisantes.


Bibliographie

  • M. Waldman, S. Nicholson, N. Adilov, “Does television cause autism ?”, NBER Working Paper Series, n° 12632, 2006
  • Marius Teodor Zamfir, “The consumption of virtual environment more than 4 hours/day, in the children between 0-3 years old, can cause a syndrome similar with the autism spectrum disorder”, Journal of Romanian Literary Studies, 13, p. 953-968
  • Desmurget Michel, “TV Lobotomie : La vérité scientifique sur les effets de la télévision”, Éditions Milo, 2011
  • Cohen, S., (1972), “Folk devils and moral panics. The invention of mods and rockers”, Réed Blackwell 1987.
  • Lilian Mathieu, “L’ambiguïté sociale des paniques morales”, Sens-Dessous 2015/1 (N° 15), p. 5-13.
  • Machiels C. et Niget D., “Protection de l’enfance et paniques morales”, Bruxelles, Fabert, 2012
  • Francis Chateauraynaud, “Lanceur d’alerte”, in CASILLO I. avec Barbier R., Blondiaux L., Chateauraynaud F.,
  • Fourniau J-M., Lefebvre R., Neveu C. et Salles D. (dir.), Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la participation, Paris, GIS Démocratie et Participation, 2013,
  • Albert O. Hirschman, “Exit, Voice, and Loyalty : Responses to Decline in Firms, Organizations, and States”, Cambridge, MA, Harvard University Press, 1970

Dialogue Loup – Chaperon Rouge et les « dangers » d’Internet

Voici une idée de séance toute simple pour aborder les précautions que les élèves doivent prendre lors d’échanges en ligne…

Il s’agit au départ d’un travail de production d’écrit reprenant les codes des échanges sur les réseaux sociaux.
La situation est la suivante : « le loup demande au Chaperon Rouge ce qu’elle va faire dimanche, écrivez leur échange ».

Le travail peut se faire à 2, avec langage SMS autorisé ou non, inclusion possible de smileys que l’on peut fournir prêts à être découpés et collés. Il est aussi possible de faire une « traduction » langage SMS -> français « normalisé » ou pourquoi pas l’inverse…

Enfin on reprend les productions et on les analyse sous l’angle de la prudence ou de l’imprudence du Chaperon Rouge dans ses réponses, les techniques que le Loup emploie pour le pousser à donner des détails, ce que le Chaperon Rouge peut faire pour se protéger… et nous voilà avec un excellent point de départ pour une réflexion avec nos élèves sur ce sujet épineux mais essentiel.

La fiche de travail est téléchargeable ici.

Jouer à PokemonGo ne dispense pas d’être intelligent !

Dès que sort une nouveauté, qui rencontre un certain succès -qui plus est en lien avec le numérique, les smartphones et les jeux vidéo- on assiste à une avalanche d’articles opportunistes sur “c’est dangereux, on va tous mourir !” pour générer du clic à bon compte. En l’occurrence, le jeu PokemonGO réunit tous ces ingrédients et n’a pas dérogé à la règle…

La palme de la diabolisation démagogique est détenue par Rue89 qui est allé jusqu’à lancer un appel assez délirant :

Manifestement PokemonGO rend bien fous ceux qui en parlent sans prendre la peine de découvrir le jeu ni de réfléchir un peu…

J’ai testé le jeu de façon intensive quelques jours avant sa sortie officielle et je m’y adonne encore occasionnellement quand je sors, si je n’ai rien de mieux à faire. Il faut dire que je ne suis pas une accro des jeux vidéo, ni sur console, ni sur smartphone, néanmoins j’ai pris un certain plaisir à essayer ce jeu.

En deux mots, mais vous le savez certainement, il s’agit de capturer des Pokemons avec la particularité qu’ils ne sont pas simplement dans le jeu mais localisés autour du joueur en réalité augmentée. On peut donc voir le Pokemon que l’on va tenter de capturer, dans notre smartphone, superposé à l’espace physique réel qui nous entoure. Malins, les créateurs du jeu ont prévu, intégré au jeu, la prise de photo des Pokemons ainsi repérés. Après on peut gérer son cheptel de Pokemons, les faire évoluer, les faire combattre dans des arènes… personnellement je me suis arrêtée à l’aspect collection de Pokemons.

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Voici ce que j’ai trouvé intéressant dans ce jeu :

Pour jouer il faut sortir

En effet, les Pokemon sont dehors, il faut aller les débusquer en se rendant physiquement dans les lieux où ils sont, ce jeu incite donc à sortir et à marcher. Cela change par rapport aux jeux vidéo classiques où il suffit d’être assis, chez soi, pour jouer.

Il suscite rencontres et échanges

Les Pokemons étant plus nombreux dans certains lieux (parcs, lieux touristiques…) les joueurs s’y retrouvent, de façon concertée ou non, se repèrent les uns les autres, échangent des conseils et indications. J’ai eu de nombreuses occasions de parler ainsi avec des inconnus que je n’aurais pas abordés sans ce contexte.

Il permet de découvrir son environnement

Dans le jeu, les pokestocks qui permettent de récupérer des objets nécessaires au jeu, sont liés à des points d’intérêt du lieu où on se trouve. Beaucoup de joueurs ont témoigné avoir ainsi découvert des éléments d’architecture, des plaques commémoratives… auxquels ils n’avaient jamais prêté attention auparavant. Ces points d’intérêt viennent d’une application touristique de Niantic “Field Trip” qui a servi ensuite pour le jeu “Ingress” qui “transforme le monde réel en un terrain de jeu mondial rempli d’énigmes, d’intrigues et d’adversaires”.

 

Alors bien sûr, ce jeu atypique qui connaît un engouement mondial et utilise la réalité augmentée pose des questions, certaines nouvelles et d’autres non, mais ce n’est certainement pas une raison pour le dédaigner par principe ou en avoir peur.

Il y a évidemment la question des données, y compris de géolocalisation, que l’on laisse et de ce qui en est fait. Cette problématique n’est pas nouvelle, concerne de nombreuses autres applications que l’on utilise au quotidien. Je ne l’écarte pas, elle est importante, mais ne me semble pas spécifique à ce jeu.

Il y a aussi les accidents qui seraient imputables au jeu, et là ça me met en colère car ils sont manifestement dus à la bêtise humaine et non au jeu. En effet, dès que j’ai commencé à tester PokemonGO j’ai été attentive à l’irruption éventuelle du jeu de façon non adéquate qui pourrait être accidentogène. Une émission de radio récente de France Culture (Du grain à moudre) a longuement insisté sur l’effet délétère d’une notification du jeu indiquant la présence d’un Pokemon pendant un enterrement par exemple, ou qui distrairait un parent allant chercher son enfant à l’école, le rendant par là même inattentif à sa progéniture. Cela montre simplement que les intervenants de cette émission ne connaissent pas le jeu ! PokemonGO n’envoie aucune notification à proprement parler, il vibre juste quand il y a un Pokemon à proximité. Vous me direz qu’on peut considérer que c’est une forme de notification, certes mais… la vibration n’a lieu que si la personne est en train de jouer. Si le jeu est en arrière plan parce qu’on regarde une autre application sur son smartphone ou s’il est en veille dans la poche, il n’y a pas de vibration, même si le jeu n’a pas été fermé. Bref, il n’y a pas d’irruption du jeu non voulue, juste des personnes qui choisissent de jouer à des moments ou dans des endroits peu appropriés ou dangereux. Ce n’est clairement pas de jouer à PokemonGO qui est dangereux mais de manquer de bon sens ! Il en est de même pour les personnes pénétrant dans des endroits privés ou interdits, on détecte un Pokemon à 30 mètres et on peut le capturer de là où on l’a détecté. Ceux qui pénètrent dans des lieux interdits ou dangereux ne sont donc pas directement incités à la faire par le jeu.

Jouer à PokemonGO ne dispense pas d’être intelligent, et c’est plutôt une bonne nouvelle, non ?

Je vous recommande la lecture de ce billet de Yann Leroux qui explique bien quels sont les ressorts psychologiques qui font le succès de ce jeu 

 

Nous ne nous tairons pas !

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Le samedi 18 juin, suite à la parution dans le Huffington Post d’un article sur Périscope dans lequel je fais partie des interviewés, le hashtag #TaGueule2Vanssay (suivre le lien ou voir les tweets réunis sous ce billet) a été lancé et repris avec un certain succès sur Twitter.

Ce billet, volontairement différé pour être écrit à froid, est une réponse à l’expression de cette volonté de me faire taire.

Je n’ai pas l’intention de me justifier sur cette interview, j’assume totalement ce que j’y ai dit, j’aurais par contre pu expliquer certains éléments de contexte si je n’avais été contrainte de me taire, provisoirement, devant le flot d’insultes qui s’est déversé suite à la publication de l’article. Mais même en l’absence des éléments qui suivent, rien ne légitime la violence des attaques et des procès d’intention qui m’ont été faits.

J’ai, dans cette interview partiellement reprise dans l’article, parlé uniquement de ce que j’ai pu constater par moi-même. J’avais observé les jours précédents une dizaine de vidéos Périscope faites en direct par des élèves pendant des cours. Ce que j’y ai vu ce sont des élèves qui se filment eux-mêmes (le plus souvent celui à qui appartient le smartphone et son voisin de classe) et je n’ai vu aucun prof (parfois on l’entendait vaguement au loin). Les élèves filmés échangeaient avec leurs “visionneurs” sur le mode “lancez-nous des défis” mais même si j’ai vu passer des messages du type “vas-y insulte la prof” les élèves n’obtempéraient pas, s’agitaient vaguement et l’ensemble était, oui, plutôt potache. Je n’ai parlé que de ce que j’avais vu par moi-même, cela n’est hélas pas indiqué dans l’article, j’ai pourtant précisé au journaliste à chacune de mes réponses “pour ce que j’en ai vu”. Je n’ai jamais prétendu évidemment qu’il n’existait aucun usage plus violent. Par ailleurs, nous n’avons eu au syndicat aucune remontée d’un “phénomène Périscope” massif ou problématique, ce qui tend à montrer, comme le dit d’ailleurs le chef d’établissement dans l’article, que les incidents sont gérés sans problème particulier par les équipes. Par contre il y a eu plusieurs articles sur le sujet, j’ai d’ailleurs dit au journaliste que cela me semblait une mauvaise idée d’insister sur un “phénomène” qui, s’il en est peut-être un, ne semble ni massif ni particulièrement ingérable. C’est d’ailleurs pour cela que je n’avais pas, avant ce billet, diffusé le lien de cet article ; non pas parce que je n’assumerais pas ce que j’y dis mais parce que, même si je m’y exprime, j’estime que ce type d’article polémique fait plus de mal que de bien en attisant peurs et fantasmes en tous genres.

C’est d’ailleurs bien là-dessus que se sont appuyés mes détracteurs pour déformer ce que j’avais dit, surinterpréter en creux ce que je n’avais pas dit et me présenter comme une irresponsable prônant le droit absolu des élèves à filmer leurs profs en cours et à les harceler en faisant fi de leur droit à l’image ! Utiliser ce levier émotionnel, et la crainte qu’a tout prof de perdre le contrôle de sa classe, est idéal. En effet, quand on a peur on n’est pas en état de réfléchir ou de raisonner, la peur paralyse la logique et déclenche des réflexes automatiques destinés à se rassurer à tout prix, l’un d’eux étant l’attaque. De nombreuses personnes, dont des collègues enseignants, n’ont même pas pris la peine de lire l’article, ou l’ont lu à charge en épousant par avance les surinterprétations douteuses plus ou moins habilement suggérées par d’autres. J’ai ainsi reçu plus de 500 tweets d’insultes de plus de 200 personnes différentes, un vrai succès !

Je ne rentrerai pas ici dans le détails des griefs des uns et des autres qui sont parfois syndicaux, ou dus à des différences de vision du rôle d’éducateur et à bien d’autres choses… Néanmoins, chaque professeur qui a contribué à #TaGueule2Vanssay, soit en l’utilisant, soit en m’insultant par ailleurs, soit en incitant d’autres à le faire tout en jouant “les oies blanches” a lui-même terni sa propre image mais aussi celle de la profession dans son ensemble. J’ai répondu à des dizaines de messages de parents effarés que des profs, comme ceux qui ont leurs enfants en cours, puissent s’insulter ainsi en public sur un réseau social. J’ai répondu patiemment à chacun d’eux précisant qu’il s’agit heureusement d’une très petite minorité d’enseignants. Mais oui, néanmoins, cela est préoccupant et rejaillit, qu’on le veuille ou non, sur l’ensemble de notre profession.

Qu’on me permette ici de refuser de plaindre ceux qui se sentent insultés à tout bout de champ -je suis responsable de ce que je dis, pas de ce que certains croient y lire- de rejeter ceux qui tordent, mentent, prétendent dénoncer des propos inacceptables qu’ils construisent de toutes pièces pour justifier l’insulte, la diffamation et jeter le discrédit sur ceux qui ne sont pas d’accord avec eux. Je n’ai pas l’intention de me laisser impressionner !

Certains ont osé me dire se sentir légitimement autorisés à m’insulter et à me diffamer publiquement parce que je “l’avais bien cherché quand même !” Il n’y a objectivement aucune insulte dans mon interview, même si je conçois tout à fait que l’on puisse être en désaccord avec ce que j’y dis… D’ailleurs, m’insulter c’était aussi clairement empêcher tout débat sur le fond.

Comment répondre au “Ta gueule” ? En l’ouvrant !

Pourquoi le titre de ce billet est “Nous ne nous tairons pas !” ? Parce que je ne suis pas la seule à avoir subi cela ni à être concernée par ce “Ta gueule”, même si cette fois-ci il m’était bien personnellement adressé…

Ce qui est détestable pour ces haters c’est que de très nombreux enseignants ne soient pas d’accord avec eux, que nos idées et nos valeurs soient de plus en plus à l’oeuvre sur le terrain (les classes coopératives et sans notes, le travail et l’évaluation par compétences, le développement des compétences psychosociales, la croyance forte que chaque élève est capable de réussir…), que le numérique en général et Twitter en particulier nous permettent de partager et diffuser nos pratiques professionnelles et notre enthousiasme, que tout cela perturbe les convictions et les habitudes de ceux qui ne veulent surtout rien changer. Ces haters n’arrivent pas à supporter que des collègues ne s’enferment pas comme eux dans la déploration systématique et la critique stérile. Ne nous y trompons pas, ils ont pour objectif de nous faire taire, à nous de ne pas nous laisser faire !

Si hélas leurs intimidations, à coup de “moqueries” plus ou moins acerbes et malveillantes -quand ce ne sont pas carrément des insultes- peuvent parfois décourager un collègue de parler de ce qu’il fait avec ses élèves, ils ne peuvent arrêter ce qui est à l’oeuvre dans nos classes et nos établissements, et c’est sans doute cela qui les fâche si fort et les pousse à tant d’agressivité. Les haters ont peur, se sentent insécurisés et bousculés dans leurs valeurs certes, mais partager nos essais, nos découvertes et nos réussites ce n’est pas les agresser ou les remettre en cause, c’est seulement exercer notre légitime droit à l’expression publique.

Ignorons-les, n’hésitons pas à saisir chaque occasion de diffuser, de raconter, de montrer ce qui se fait et de donner ainsi envie à d’autres collègues d’améliorer ensemble nos pratiques professionnelles.

Alors, je suis désolée pour les haters mais je vais continuer à ouvrir ma gueule, et je vous invite tous à en faire de même !

OUVRONS-LA !

Cet article rédigé depuis plusieurs jours était prévu pour une publication aujourd’hui. Devant un nouvel “incident” (et c’est un euphémisme car il s’agit cette fois-ci d’un appel au viol) j’ai hésité à différer mais en fait non, car ce serait en quelque sorte une victoire de ce collègue. Cette escalade de propos violents et sans tabou, qui plus est de la part de profs, est quand même quelque chose de très préoccupant…

Édit du 18/06/2017 : 
– Fort heureusement, il n’y a eu aucun horrible incident dans les établissements à cause de l’usage de Périscope par les élèves à ce jour, c’est pourtant ce que me promettaient il y a un an ceux qui m’ont insultée. J’avais donc raison de ne pas vouloir rentrer dans la surenchère dramatique et de remettre les choses tranquillement à leur place. Contrairement à ce que certains ont voulu interpréter malhonnêtement, je n’ai jamais dit que filmer un prof, ou d’autres élèves d’ailleurs, et diffuser les images était anodin.
– L’initiatrice de #TaGueule2Vanssay a eu son compte Twitter suspendu quelques mois plus tard suite à une tentative de « compte parodique » contre moi qui, hélas pour elle, rentrait dans le cadre de l’usurpation d’identité. Elle a recréé un compte mais a perdu les 3/4 de ses followers. Sans cette erreur de sa part son compte aurait été suspendu par la CNIL qui a donné suite à ma plainte mais quand le compte avait déjà été fermé par Twitter.
– Concernant l’appel au viol évoqué en fin de billet, son auteur a fermé de lui-même son compte Twitter, la procédure judiciaire est en cours, c’est long mais je reste déterminée à la mener à son terme.
– Je vais bien et continue de m’exprimer comme je le souhaite sur Twitter et ailleurs, et je continue à appeler chacun à faire de même sans jamais plier devant les haters… NON, NOUS NE NOUS TAIRONS PAS !

Crédit photo : Shace

Voici les tweets dont il est question dans ce billet (version pdf avec liens cliquables ici) :

Merci Virginie…

Ce billet n’est pas pédagogique, quoique…, il me tient à cœur et après tout raconte que l’on apprend  aussi et surtout en dehors de l’école et des formations, on apprend énormément via les gens qu’on rencontre, qu’on fréquente et avec lesquels on partage. Ce billet a donc toute sa place dans la rubrique « ce qui me motive ».

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Virginie, je n’ai pas envie de te dire au revoir, ni de te rendre hommage, juste de te dire merci ! Je vais le faire ici, sur le Net, un lieu qui te correspond bien…

MERCI Virginie car grâce à toi… (cette liste est très largement non exhaustive) :

  • j’ai appris que ne pas avoir de « crêpe party » c’est être une mère « trop nulle », ma fille m’en a heureusement informée et j’ai pu rectifier le tir
  • mes enfants ont passé de bons moments, tu as éclairé nombre de leurs week-ends
  • j’ai découvert que l’amitié suit parfois des chemins hautement improbables
  • j’ai pu voir « le Renard et l’Enfant » au Grand Rex en avant première
  • j’ai souri en t’entendant raconter la tête de certains quand tu te pointais à tes séances de chimio avec des vêtements multicolores anti-déprime
  • j’ai pris beaucoup de plaisir à visiter une amie malade, non par « devoir » mais parce que passer une journée avec toi est un vrai bonheur
  • j’ai mangé des gâteaux faits maison franchement réussis alors que la pâtisserie n’est pas ton fort
  • je sais comment ne pas avoir mal aux pieds avec des Dr Martens neuves, je n’ai pas encore testé mais je compte bien le faire
  • j’ai constaté qu’on peut être « en sursis » mais se préoccuper toujours et encore d’abord des autres… je suis sûre que si tu m’envoyais un message là il commencerait par : « Excuse-moi Stéphanie, ça fait un moment que je n’ai pas pris de tes nouvelles… »
  • je suis plus riche des moments passés ensemble, des conversations interminables au téléphone, sur MSN puis sur FB
  • je sais plus que jamais qu’il faut passer un maximum de temps avec les gens qui comptent vraiment et éviter d’en perdre avec les aigris et les grincheux

En ce qui me concerne Virginie, tu es toujours présente, à travers toutes les traces positives que tu as laissées chez moi et chez plein d’autres !

 

 

Comment préparer nos élèves à affronter l’incertitude ?

incertitude-300x225M’étant inscrite au MOOC “L’avenir de la décision : connaître et agir en complexité“ où j’ai le bonheur d’entendre Edgar Morin, qui vous le savez est pour moi central dans ma réflexion pédagogique, j’ai choisi de partager ici avec vous tous l’activité « Fil rouge » originellement prévue sur un forum interne au MOOC.

La consigne est la suivante :

« Identifiez une situation complexe dans votre environnement : il peut s’agir d’une situation complexe que vous rencontrez dans votre univers professionnel, extra-professionnel, ou d’un problème de société plus large sur lequel vous avez néanmoins une certaine visibilité et une capacité d’action.« 

Et mon message celui-ci :

« En tant qu’enseignante, tout particulièrement préoccupée par les moyens d’aider les élèves les plus fragiles à réussir, je suis depuis longtemps guidée par la pensée d’Edgar Morin. En effet, penser la complexité, du moins essayer, m’aide à trouver des pistes notamment par le travail avec les élèves dans des situations complexes.

Je me demande comment, au sein des classes et dans l’Education Nationale dans son ensemble, nous pouvons travailler pour préparer nos élèves à affronter l’incertitude : la reconnaître, la supporter, la prendre en compte, la réduire, s’y adapter…

Je m’intéresse à la fois à ce qu’on peut concrètement mettre en oeuvre chacun avec nos élèves dans nos cours, mais aussi aux leviers qui pourraient faire évoluer l’institution pour prendre en compte cette dimension.

Merci pour vos contributions !

PS : Je poste aussi cette question sur mon blog pour ouvrir la discussion plus largement aux personnes non inscrites à ce MOOC

PS2 : Je suis très active sur Twitter et serai ravie d’échanger avec vous sur ce réseau, mon pseudo est @2vanssay et le hashtag pour échanger sur ce MOOC #MOOCMorin »

À vous, les commentaire sont ouverts !

Étape 2 : Voici les questions à traiter ensuite la semaine suivante…

Rappel de la situation complexe :

Comment agir, au sein des classes et dans l’Education Nationale dans son ensemble, pour préparer nos élèves à affronter l’incertitude : la reconnaître, la supporter, la prendre en compte, la réduire, s’y adapter…

Quels sont mes objectifs ?

  • que cette préoccupation soit présente dans les documents et consignes officiels
  • que les enseignants aient le souci de cet enjeu dans leur façon de concevoir et mener leurs cours
  • qu’il y ait un va et vient dynamique entre l’accompagnement des enseignants sur cette question de la part de l’institution et des remontées de terrain sur les stratégies mises en oeuvre dans les classes

Quelle est la principale contrainte ?

  • je ne suis pas décisionnaire

De quels éléments éléments de certitude est ce que je dispose ?

Je suis certaine que cela doit être travaillé davantage à l’école, que ce n’est pas assez présent, que ça apporterait une dynamique très intéressante.

Quelles sont les incertitudes  ?

  • L’institution est difficile à convaincre, elle semble préférer elle-même les certitudes et la recherche de LA VÉRITÉ concernant l’enseignement
  • Ce n’est pas parce que l’institution demande aux enseignants de prendre en compte un enjeu que cela est suivi d’un réel effet dans les classes
  • Difficile d’évaluer le temps que cela pourrait prendre

Quels risques identifiés, du moins au plus acceptable ?

  • Créer un mouvement de réaction contraire
  • Déstabiliser des enseignants déjà bien éprouvés
  • Perdre mon temps

Quels sont les différents scénarios d’actions possibles ?

  • Tenter chaque fois que j’en ai l’occasion de convaincre les décideurs de l’Education Nationale quand je les rencontre dans le cadre de mes responsabilités syndicales et que c’est pertinent (marteler des choses hors propos agace et braque)
  • Parler à mes collègues de l’importance de cet aspect : en direct, via Twitter, via mon blog, via les articles écrits dans le cadre de mon travail
  • Donner moi-même et collecter des exemples de scénarios pédagogiques prenant en compte la question de l’incertitude

Le tout en m’appuyant largement sur la pensée d’Edgar Morin évidemment !

Pour voir la version image de la carte mentale c’est ici.

Un exemple très intéressant de travail sur l’incertitude avec des étudiants :

POUR une « culture commune » qui mouille…

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Je n’ai rien contre la culture et encore moins contre le fait qu’elle soit commune… pourtant j’ai un peu de mal à intégrer ces deux mots, ainsi accolés, ou plutôt de la difficulté à comprendre ce qui se cache derrière cette formule. C’est souvent fumeux et/ou vague et ça ressemble fort à : « La culture commune, personne ne peut être contre mais personne ne sait ce que ça veut vraiment dire, donc ça n’engage à rien et c’est bien pratique ! »

Alors je me lance et je me mouille… je suis POUR la « culture commune » à l’école si et seulement si :

    • elle n’est pas uniforme mais ouverte, variée, mélangée
    • elle comporte -et même part de- la culture des élèves sans jamais la mépriser ou la dénigrer (oui, oui je parle bien de ce qu’ils aiment à la télé et sur Internet, de ce qu’ils écoutent comme musique, de leurs pratiques culturelles numériques et autres…)
    • elle permet de faire des liens au profit des apprentissages et d’une ouverture sur d’autres références culturelles
    • elle n’exclut personne et contribue à créer une communauté d’apprentissage
    • elle irrigue les apprentissages de dimensions et de questions qui dépassent le « scolaire »

En fait, concrètement, voici ce que m’évoque par exemple « la culture commune » à mettre à l’oeuvre dans nos classes :

  • J’aime la démarche préconisée par Serge Boimare qui propose du nourrissage culturel à ses élèves à partir des grands récits mythologiques.
  • Ça ne me dérange pas de faire référence à Koh-Lanta (une émission de télé-réalité, quelle horreur !) pour éclairer la façon dont s’y prend Hermès pour inventer le feu parce qu’il y a fort à parier que cela parlera à la majorité des élèves…
  • Que Beethoven soit un chien pour les élèves de primaire ne me consterne pas, c’est à moi de les emmener du chien vers le musicien.
  • Utiliser les Pokémons pour travailler la lecture ou pour expliquer des mots de vocabulaire -si le pokémon Soporifik qui endort ses ennemis est connu des élèves, mémoriser le sens de soporifique sera aisé- ne réduit pas mon enseignement mais le rend plus riche et plus efficace aussi.
     
    Il ne s’agit pas, bien au contraire, de renoncer à transmettre des références « classiques » et exigeantes… mais je crois profondément que nous avons tout intérêt à nous pencher sur les tendances du moment qui plaisent à nos élèves, à leur demander de nous les faire découvrir et à constater bien souvent le recul et l’analyse remarquable qu’ils peuvent en avoir.

    À nous après d’en faire quelque chose (ou pas) : détourner les codes, faire des liens, leur faire démêler le vrai du faux dans les références d’une série ou d’un jeu… Et puis, si on s’intéresse sincèrement à ce qui plaît à nos élèves, il n’y a aucune raison qu’ils ne nous retournent pas la politesse en s’intéressant à leur tour à ce que nous tentons de leur transmettre.

    Alors oui, si c’est ça la « culture commune », je suis POUR !