Jouer à PokemonGo ne dispense pas d’être intelligent !

Dès que sort une nouveauté, qui rencontre un certain succès -qui plus est en lien avec le numérique, les smartphones et les jeux vidéo- on assiste à une avalanche d’articles opportunistes sur “c’est dangereux, on va tous mourir !” pour générer du clic à bon compte. En l’occurrence, le jeu PokemonGO réunit tous ces ingrédients et n’a pas dérogé à la règle…

La palme de la diabolisation démagogique est détenue par Rue89 qui est allé jusqu’à lancer un appel assez délirant :

Manifestement PokemonGO rend bien fous ceux qui en parlent sans prendre la peine de découvrir le jeu ni de réfléchir un peu…

J’ai testé le jeu de façon intensive quelques jours avant sa sortie officielle et je m’y adonne encore occasionnellement quand je sors, si je n’ai rien de mieux à faire. Il faut dire que je ne suis pas une accro des jeux vidéo, ni sur console, ni sur smartphone, néanmoins j’ai pris un certain plaisir à essayer ce jeu.

En deux mots, mais vous le savez certainement, il s’agit de capturer des Pokemons avec la particularité qu’ils ne sont pas simplement dans le jeu mais localisés autour du joueur en réalité augmentée. On peut donc voir le Pokemon que l’on va tenter de capturer, dans notre smartphone, superposé à l’espace physique réel qui nous entoure. Malins, les créateurs du jeu ont prévu, intégré au jeu, la prise de photo des Pokemons ainsi repérés. Après on peut gérer son cheptel de Pokemons, les faire évoluer, les faire combattre dans des arènes… personnellement je me suis arrêtée à l’aspect collection de Pokemons.

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Voici ce que j’ai trouvé intéressant dans ce jeu :

Pour jouer il faut sortir

En effet, les Pokemon sont dehors, il faut aller les débusquer en se rendant physiquement dans les lieux où ils sont, ce jeu incite donc à sortir et à marcher. Cela change par rapport aux jeux vidéo classiques où il suffit d’être assis, chez soi, pour jouer.

Il suscite rencontres et échanges

Les Pokemons étant plus nombreux dans certains lieux (parcs, lieux touristiques…) les joueurs s’y retrouvent, de façon concertée ou non, se repèrent les uns les autres, échangent des conseils et indications. J’ai eu de nombreuses occasions de parler ainsi avec des inconnus que je n’aurais pas abordés sans ce contexte.

Il permet de découvrir son environnement

Dans le jeu, les pokestocks qui permettent de récupérer des objets nécessaires au jeu, sont liés à des points d’intérêt du lieu où on se trouve. Beaucoup de joueurs ont témoigné avoir ainsi découvert des éléments d’architecture, des plaques commémoratives… auxquels ils n’avaient jamais prêté attention auparavant. Ces points d’intérêt viennent d’une application touristique de Niantic “Field Trip” qui a servi ensuite pour le jeu “Ingress” qui “transforme le monde réel en un terrain de jeu mondial rempli d’énigmes, d’intrigues et d’adversaires”.

 

Alors bien sûr, ce jeu atypique qui connaît un engouement mondial et utilise la réalité augmentée pose des questions, certaines nouvelles et d’autres non, mais ce n’est certainement pas une raison pour le dédaigner par principe ou en avoir peur.

Il y a évidemment la question des données, y compris de géolocalisation, que l’on laisse et de ce qui en est fait. Cette problématique n’est pas nouvelle, concerne de nombreuses autres applications que l’on utilise au quotidien. Je ne l’écarte pas, elle est importante, mais ne me semble pas spécifique à ce jeu.

Il y a aussi les accidents qui seraient imputables au jeu, et là ça me met en colère car ils sont manifestement dus à la bêtise humaine et non au jeu. En effet, dès que j’ai commencé à tester PokemonGO j’ai été attentive à l’irruption éventuelle du jeu de façon non adéquate qui pourrait être accidentogène. Une émission de radio récente de France Culture (Du grain à moudre) a longuement insisté sur l’effet délétère d’une notification du jeu indiquant la présence d’un Pokemon pendant un enterrement par exemple, ou qui distrairait un parent allant chercher son enfant à l’école, le rendant par là même inattentif à sa progéniture. Cela montre simplement que les intervenants de cette émission ne connaissent pas le jeu ! PokemonGO n’envoie aucune notification à proprement parler, il vibre juste quand il y a un Pokemon à proximité. Vous me direz qu’on peut considérer que c’est une forme de notification, certes mais… la vibration n’a lieu que si la personne est en train de jouer. Si le jeu est en arrière plan parce qu’on regarde une autre application sur son smartphone ou s’il est en veille dans la poche, il n’y a pas de vibration, même si le jeu n’a pas été fermé. Bref, il n’y a pas d’irruption du jeu non voulue, juste des personnes qui choisissent de jouer à des moments ou dans des endroits peu appropriés ou dangereux. Ce n’est clairement pas de jouer à PokemonGO qui est dangereux mais de manquer de bon sens ! Il en est de même pour les personnes pénétrant dans des endroits privés ou interdits, on détecte un Pokemon à 30 mètres et on peut le capturer de là où on l’a détecté. Ceux qui pénètrent dans des lieux interdits ou dangereux ne sont donc pas directement incités à la faire par le jeu.

Jouer à PokemonGO ne dispense pas d’être intelligent, et c’est plutôt une bonne nouvelle, non ?

Je vous recommande la lecture de ce billet de Yann Leroux qui explique bien quels sont les ressorts psychologiques qui font le succès de ce jeu 

 

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