Comment préparer nos élèves à affronter l’incertitude ?

incertitude-300x225M’étant inscrite au MOOC “L’avenir de la décision : connaître et agir en complexité“ où j’ai le bonheur d’entendre Edgar Morin, qui vous le savez est pour moi central dans ma réflexion pédagogique, j’ai choisi de partager ici avec vous tous l’activité « Fil rouge » originellement prévue sur un forum interne au MOOC.

La consigne est la suivante :

« Identifiez une situation complexe dans votre environnement : il peut s’agir d’une situation complexe que vous rencontrez dans votre univers professionnel, extra-professionnel, ou d’un problème de société plus large sur lequel vous avez néanmoins une certaine visibilité et une capacité d’action.« 

Et mon message celui-ci :

« En tant qu’enseignante, tout particulièrement préoccupée par les moyens d’aider les élèves les plus fragiles à réussir, je suis depuis longtemps guidée par la pensée d’Edgar Morin. En effet, penser la complexité, du moins essayer, m’aide à trouver des pistes notamment par le travail avec les élèves dans des situations complexes.

Je me demande comment, au sein des classes et dans l’Education Nationale dans son ensemble, nous pouvons travailler pour préparer nos élèves à affronter l’incertitude : la reconnaître, la supporter, la prendre en compte, la réduire, s’y adapter…

Je m’intéresse à la fois à ce qu’on peut concrètement mettre en oeuvre chacun avec nos élèves dans nos cours, mais aussi aux leviers qui pourraient faire évoluer l’institution pour prendre en compte cette dimension.

Merci pour vos contributions !

PS : Je poste aussi cette question sur mon blog pour ouvrir la discussion plus largement aux personnes non inscrites à ce MOOC

PS2 : Je suis très active sur Twitter et serai ravie d’échanger avec vous sur ce réseau, mon pseudo est @2vanssay et le hashtag pour échanger sur ce MOOC #MOOCMorin »

À vous, les commentaire sont ouverts !

Étape 2 : Voici les questions à traiter ensuite la semaine suivante…

Rappel de la situation complexe :

Comment agir, au sein des classes et dans l’Education Nationale dans son ensemble, pour préparer nos élèves à affronter l’incertitude : la reconnaître, la supporter, la prendre en compte, la réduire, s’y adapter…

Quels sont mes objectifs ?

  • que cette préoccupation soit présente dans les documents et consignes officiels
  • que les enseignants aient le souci de cet enjeu dans leur façon de concevoir et mener leurs cours
  • qu’il y ait un va et vient dynamique entre l’accompagnement des enseignants sur cette question de la part de l’institution et des remontées de terrain sur les stratégies mises en oeuvre dans les classes

Quelle est la principale contrainte ?

  • je ne suis pas décisionnaire

De quels éléments éléments de certitude est ce que je dispose ?

Je suis certaine que cela doit être travaillé davantage à l’école, que ce n’est pas assez présent, que ça apporterait une dynamique très intéressante.

Quelles sont les incertitudes  ?

  • L’institution est difficile à convaincre, elle semble préférer elle-même les certitudes et la recherche de LA VÉRITÉ concernant l’enseignement
  • Ce n’est pas parce que l’institution demande aux enseignants de prendre en compte un enjeu que cela est suivi d’un réel effet dans les classes
  • Difficile d’évaluer le temps que cela pourrait prendre

Quels risques identifiés, du moins au plus acceptable ?

  • Créer un mouvement de réaction contraire
  • Déstabiliser des enseignants déjà bien éprouvés
  • Perdre mon temps

Quels sont les différents scénarios d’actions possibles ?

  • Tenter chaque fois que j’en ai l’occasion de convaincre les décideurs de l’Education Nationale quand je les rencontre dans le cadre de mes responsabilités syndicales et que c’est pertinent (marteler des choses hors propos agace et braque)
  • Parler à mes collègues de l’importance de cet aspect : en direct, via Twitter, via mon blog, via les articles écrits dans le cadre de mon travail
  • Donner moi-même et collecter des exemples de scénarios pédagogiques prenant en compte la question de l’incertitude

Le tout en m’appuyant largement sur la pensée d’Edgar Morin évidemment !

Pour voir la version image de la carte mentale c’est ici.

Un exemple très intéressant de travail sur l’incertitude avec des étudiants :

Une réflexion sur « Comment préparer nos élèves à affronter l’incertitude ? »

  1. Au risque de paraphraser EM, « préparer à affronter l’incertitude » passe par l’acceptation de la complexité des choses et des situations, et par un travail de réflexion et d’analyse. Je ne suis hélas ni prof ni parent, donc je suis probablement un peu optimiste, mais j’ai l’impression que nos jeunes seraient tout à fait aptes à cette deuxième partie, à cet engagement intellectuel ; ils sont capables de raisonnements très complexes quand ils en voient l’objectif… (Je ne dis pas qu’il est inutile de leur enseigner à organiser leur pensée, à relier des idées, etc, bien au contraire, j’ai plutôt le sentiment que l’école le fait déjà assez bien.)

    Ce qui me semble poser problème, c’est la première partie : reconnaître et accepter la nature complexe de ce qui les entoure. Refuser la facilité, le simplisme, le moindre effort, l’abdication intellectuelle face à tout ce qui sort des modèles connus et pré-mâchés. C’est peut-être une déformation personnelle mais il me semble que ce mélange de lucidité, d’humilité et de curiosité fait partie de la maturité, et que celle-ci vient de plus en plus tard chez les jeunes du XXIè siècle (pour des raisons souvent débattues, mais ce n’est pas le sujet).

    En bref, Stéphanie, ton questionnement se rattache dans ma tête à une question centrale : comment faire grandir ? Dispenser le savoir ne suffit pas : cela revient à donner des tas d’outils high-tech à un comptable pour qu’il apprenne à construire une maison, ça lui sera utile mais ce n’est pas le fond du problème. Enseigner des savoir-faire ? Pas sûr que ce soit beaucoup mieux ; c’est seulement complémentaire. Comment stimuler l’éveil de la conscience, encourager la réflexion intérieure, soutenir la curiosité pour qu’elle ne s’efface pas sous la pression sociale ? On m’a souvent dit que c’est le rôle des « humanités », et c’est vrai, en partie. A titre perso, j’en ai tiré beaucoup, mais je vois également avec le recul tout ce que j’ai « raté » par manque de maturité au moment clé. Comme beaucoup, je réalise cela à 25 ou 40 ans, et je m’efforce de rattraper. Je me demande ce que l’école aurait pu faire différemment : décaler le rythme des apprentissages pour me faire étudier Rimbaud plus tôt et Stendhal plus tard ? Injuste pour celles et ceux dont le romantisme aurait fleuri avant la fibre poétique. Me confronter davantage à la (dure) réalité pour dissiper l’insouciance de mes 10 ans ? Est-ce un cadeau à faire à un enfant de le forcer à grandir ?

    Désolé, je déborde un peu du cadre, mais j’ai bien du mal à imaginer un équilibre entre l’enseignement « boîte à outils » et l’éducation « pépinière ». C’est d’ailleurs, cachée derrière les prétextes, une des raisons inavouées qui font que je n’ai pas choisi d’être enseignant : c’est probablement le métier qui me semble le plus… complexe. 😉

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