POUR une « culture commune » qui mouille…

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Je n’ai rien contre la culture et encore moins contre le fait qu’elle soit commune… pourtant j’ai un peu de mal à intégrer ces deux mots, ainsi accolés, ou plutôt de la difficulté à comprendre ce qui se cache derrière cette formule. C’est souvent fumeux et/ou vague et ça ressemble fort à : « La culture commune, personne ne peut être contre mais personne ne sait ce que ça veut vraiment dire, donc ça n’engage à rien et c’est bien pratique ! »

Alors je me lance et je me mouille… je suis POUR la « culture commune » à l’école si et seulement si :

    • elle n’est pas uniforme mais ouverte, variée, mélangée
    • elle comporte -et même part de- la culture des élèves sans jamais la mépriser ou la dénigrer (oui, oui je parle bien de ce qu’ils aiment à la télé et sur Internet, de ce qu’ils écoutent comme musique, de leurs pratiques culturelles numériques et autres…)
    • elle permet de faire des liens au profit des apprentissages et d’une ouverture sur d’autres références culturelles
    • elle n’exclut personne et contribue à créer une communauté d’apprentissage
    • elle irrigue les apprentissages de dimensions et de questions qui dépassent le « scolaire »

En fait, concrètement, voici ce que m’évoque par exemple « la culture commune » à mettre à l’oeuvre dans nos classes :

  • J’aime la démarche préconisée par Serge Boimare qui propose du nourrissage culturel à ses élèves à partir des grands récits mythologiques.
  • Ça ne me dérange pas de faire référence à Koh-Lanta (une émission de télé-réalité, quelle horreur !) pour éclairer la façon dont s’y prend Hermès pour inventer le feu parce qu’il y a fort à parier que cela parlera à la majorité des élèves…
  • Que Beethoven soit un chien pour les élèves de primaire ne me consterne pas, c’est à moi de les emmener du chien vers le musicien.
  • Utiliser les Pokémons pour travailler la lecture ou pour expliquer des mots de vocabulaire -si le pokémon Soporifik qui endort ses ennemis est connu des élèves, mémoriser le sens de soporifique sera aisé- ne réduit pas mon enseignement mais le rend plus riche et plus efficace aussi.
     
    Il ne s’agit pas, bien au contraire, de renoncer à transmettre des références « classiques » et exigeantes… mais je crois profondément que nous avons tout intérêt à nous pencher sur les tendances du moment qui plaisent à nos élèves, à leur demander de nous les faire découvrir et à constater bien souvent le recul et l’analyse remarquable qu’ils peuvent en avoir.

    À nous après d’en faire quelque chose (ou pas) : détourner les codes, faire des liens, leur faire démêler le vrai du faux dans les références d’une série ou d’un jeu… Et puis, si on s’intéresse sincèrement à ce qui plaît à nos élèves, il n’y a aucune raison qu’ils ne nous retournent pas la politesse en s’intéressant à leur tour à ce que nous tentons de leur transmettre.

    Alors oui, si c’est ça la « culture commune », je suis POUR !

     

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