@elvirebornand continue son analyse du TwittMOOC dans le cadre de sa participation au #MOOCaz « monter un MOOC de A à Z »


Il me semble intéressant de publier ici son travail et je la remercie vivement de le partager ainsi avec nous… 

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Activité : analyser la scénarisation d’un MOOC

TwittMOOC

J’ai choisi dans le cadre de l’activité d’analyse de MOOC proposé par MOOCAZ d’analyser un MOOC auquel je participe, TwittMOOC. Il s’agit d’un MOOC connectiviste ayant pour objectif de favoriser l’apprentissage et la pratique du microblogging sur le réseau social Twitter. La forme et les objectifs du MOOC ont un impact fort sur la scénarisation. Qu’il s’agisse des objectifs pédagogiques, du parcours ou des activités, toute action est un support d’interactions. Chaque partie constituante du MOOC a été discutée sur Twitter ou via les commentaires des billets du blog.

Objectifs et parcours pédagogiques

Le scénario global a fait l’objet d’une conceptualisation sous forme de carte heuristique sur proposition et réalisation de Stéphanie de Vanssay, responsable du MOOC, avec une discussion nourrie sur Twitter pour savoir si les participants et les tuteurs s’y retrouvaient et s’ils voyaient des éléments à ajouter ou modifier. Le raisonnement connectiviste est appliqué à chaque volet du MOOc qu’il s’agisse de construire ce que l’on va faire, de faire ou d’analyser ce que l’on a fait. Il était intéressant que cette formalisation intervienne plusieurs semaines après le début du MOOC car cela permet aux tuteurs comme aux participants de prendre du recul par rapport à leurs activités tout en développant un rapport privilégié avec le MOOC, un sentiment de proximité et d’appropriation qui soutient l’engagement et la participation. 

La carte heuristique s’articule autour de 4 items formulés sous forme de questions. Qu’est-ce-que le TwittMOOC ? Comment le découvrir ? Pourquoi participer ? Comment participer ? Les trois  premières questions relèvent de l’ingénierie du projet et sont représentées à gauche de la carte. La quatrième question relève du parcours pédagogique des participants et est représentée à droite sur la carte.

Si l’on analyse le MOOC à travers la taxonomie de Bloom, l’intérêt est moins de chercher à vérifier la présence de tel ou tel niveau d’appropriation et d’usage des connaissances que de s’interroger sur la manière dont la progression d’un niveau à un autre est organisée. Sur la page Wikipedia présentant la taxonomie de Bloom deux illustrations sont représentées. L’une sous la forme d’une pyramide inversée et l’autre sous la forme d’une roue. 

653px-BloomsCognitiveDomainFR.svgCes représentations m’ont interpellées et m’ont permis de mieux  comprendre la philosophie sur laquelle repose le TwittMOOC. Le TwittMOOC n’est pas un millefeuille mais une salade de fruits. En tant que participant au TwittMOOC, on ne passe pas des étapes successives, on navigue entre les différents niveaux de connaissance en fonction des activités auxquelles on participe. Par exemple, choisir de réaliser l’activité « Live-tweet » d’une conférence demandera de maîtriser l’ensemble des degrés d’appropriation du savoir, de la connaissance du sujet à son analyse, à travers l’utilisation de différents outils (programmation des tweets, rédaction de brouillons, agrégateur de tweets pour la synthèse), d’une projection dans la réalisation de la tâche (rétroplanning, contrôle de la faisabilité) et d’une préparation de l’évènement en lui-même ( recueillir des informations sur les participants et leurs thématiques d’intervention). In fine, l’utilisation de Twitter pour le microblogging en direct de la conférence n’intervient que comme un test, une auto-évaluation d’une compétence que l’on a grandement construit en amont. Blooms_rose_fr.svg

Autrement dit, si je reprends ma métaphore peu orthodoxe, les ingrédients ont été mélangés pour donner lieu à la réalisation de l’activité ( salade de fruit) et n’ont pas fait l’objet d’une maîtrise progressive par empilement-consolidation ( millefeuille). Cela ne signifie pas que les adeptes du millefeuille mourront de faim en participant au TwittMOOC, chacun peut construire son parcours comme il le souhaite et organiser à s manière la réalisation d’une succession d’activités dont il pourra mesurer la difficulté à travers soit la proposition de programmation indicative sur 5 semaines, soit en essayant d’obtenir les badges qui sanctionnent différents degrés de maîtrise de Twitter. 

Le système de badges a été mis en place au cours du MOOC. Ce n’est pas une initiative de la responsable du projet mais une demande de certains participants et tuteurs. Un système a du être trouvé pour : définir une échelle d’évaluation (combien de badges correspond à quel degré de maîtrise de quelles activités). Il a ensuite fallu créer les badges ( forme, couleur, nom) et trouver un moyen de permettre aux participants de les demander et de les obtenir (pluggin sur le CMS). Il existe à ce jour 4 badges dont le nom et la forme ont été choisis en référence aux objectifs du MOOC, soit du premier au quatrième niveau : sorti de l’oeuf, oisillon, pioupiou et pinson. À l’image de l’organisation globale du MOOC, il existe un document de travail collaboratif permettant de recueillir les idées des participants et des tuteurs pour faire évoluer le système des badges. 

TwittMOOC repose sur une communauté formée de participants (ceux qui apprennent à se servir de Twitter) et de tuteurs (ceux qui guident les participants dans leur découverte de Twitter). La frontière entre les deux est poreuse et un participant, pourra lorsqu’il maîtrisera les connaissances et usages transmis dans le cadre du MOOC choisir de devenir tuteur. Le système de badges a évolué récemment avec l’addition d’une nouvelle catégorie, les badges liés aux défis. Il existe trois badges correspond à trois degrés d’engagement dans le défi : participant, gagnant et organisateur. Cette catégorie de badge permet d’approfondir la dynamique entre participants et tuteurs, puisqu’un participant maîtrisant une activité peut en devenir un organisateur tout en continuant son apprentissage aux travers d’autres activités. Nous avons choisi comme activité à analyser, un défi qui illustre ce propos : la photodevinette

Description d’une activité

L’activité que j’ai choisi de décrire est une activité collective permettant de s’approprier les fonctionnalités de base de Twitter. Elle ne fait pas appel à d’autres outils qu’un client Twitter pour les participants, l’organisateur lui devra utiliser un logiciel photo pour cadrer et zoomer l’image de l’objet qu’il a choisi de faire deviner. Aucun pré-requis n’est nécessaire pour le premier niveau de contribution à l’activité. L’activité prend entre 30 et 45 minutes pour les participants. Il n’y a aucun risque de plagiat ou de triche étant donné que le jeu se déroule en temps réel et que la première bonne réponse met fin au jeu.

L’activité est adossée à l’obtention de badges pour ceux qui le désirent et remplissent les conditions d’obtention.

La photodevinette est un jeu inventé par un enseignant utilisateur de Twitter, @dawoud68 (David Herbert). Il s’agit d’un jeu éducatif, créé dans le cadre d’activités pédagogiques scolaires du cycle élémentaire, mobilisant les compétences cognitives individuelles et collectives des participants. L’objectif est de découvrir l’objet représenté par une photographie publiée une première fois avec un zoom très élevé puis avec un recul progressif à chaque nouvelle publication. 

Mobilisée dans le cadre du TwittMOOC depuis janvier 2014, cette activité permet aux participants de développer progressivement une maîtrise des principales opérations nécessaires à la communication sur Twitter. Chaque semaine, un défi photodevinette est proposé. Les participants aux TwittMOOC sont libres d’y participer ou non.

Le premier niveau de contribution des participants consiste à suivre le jeu en observant sans participer. Cela implique de savoir identifier un évènement annoncé sur Twitter (un jour et une heure auxquels se connecter pour suivre le jeu), repérer une balise (#photodevinette) et savoir utiliser une application pour en suivre le fil (l’ensemble des tweets postés avec l’identification de la balise #photodevinette).

Le second niveau de contribution consiste à participer au jeu en proposant des réponses à la photodevinette. Cela implique, outre les compétences de niveau 1, de savoir écrire des tweets de réponse en utilisant une balise dédiée tout en suivant les propositions des autres participants et les réponses données par l’organisateur. En réalisant cette activité, un participant peut auto-évaluer sa maîtrise des principales interactions sur le réseau social. Il pourra ensuite appliquer ces acquis aux activités et conversations de son choix.

Le troisième niveau de contribution consiste à organiser une photodevinette. Cela implique de choisir une photographie et d’en préparer différentes versions à des échelles de zoom différentes, de préparer à l’avance les différents étapes du jeu en réalisant des brouillons de tweets incluant des photographies, ce dans un certain ordre, ainsi que de savoir suivre et réagir en temps réel aux propositions de l’ensemble des participants dont le nombre est toujours inconnu à l’avance. Ce niveau de contribution correspond à une véritable maîtrise des fonctionnalités de l’outil.

D’autres activités peuvent amplifier la portée pédagogique du défi, comme le fait de réaliser une agrégation des tweets postés dans le cadre d’une photodevinette grâce à l’outil Storify par exemple.

Cette activité est ludique et repose sur des mécanismes psycho-sociaux qui entraînent une participation active en immersion, qui tronque la représentation qu’ont les participants du temps passé sur l’activité. Au-delà de l’activité en elle-même, cela permet de consolider la communauté en tissant des liens entre participants. Même s’il n’y a qu’un gagnant, il faut jouer en écoutant les suggestions des autres et en s’y adaptant pour résoudre la devinette. 

Avez-vous envie de jouer ?

@elvirebornand
Activité 2 #MOOCAZ
FUN ENS Cachan

 

Crédit images taxonomie de Bloom : Wikipedia 

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