2014-01-27_1626

Au début, tout allait pour le mieux… Il y a quelques mois, je succombais aux sirènes des réseaux sociaux que je fuyais comme la peste depuis de nombreuses années. J’étais prêt à tout pour faire connaître ce blog et faciliter son référencement par les moteurs de recherche ; même à vendre mes convictions sur l’autel de la communication internet. Si Facebook aurait pu très vite me replonger dans mes certitudes de presque jeune, presque paysan, presque perdu, presque réactionnaire, Twitter a très vite su éveiller en moi des désirs insoupçonnés : j’entretiens depuis avec l’oiseau bleu un rapport presque charnel. J’ai même fait l’acquisition d’un smartphone haut de gamme pour garder en cage ce petit animal sympathique et pouvoir le surveiller et le nourrir en permanence : depuis, ma femme, que je ne vois plus, m’a surnommé « connected Loïc ». Quand je suis aux toilettes, mon fils me demande quand j’ai fini de tweeter. J’ai choisi un smartphone étanche pour pouvoir tweeter dans mon bain ; j’emprunte les transports en commun depuis peu…. Tweeter au volant est quand même très périlleux. En un mot, je suis devenu complètement accro !

Mais tout cela n’est pas venu du jour au lendemain. Non, la dépendance est pernicieuse, insidieuse. Au début, comme un enfant se présentant dans une nouvelle école, il faut observer, comprendre les codes, découvrir… Et puis il faut se faire des nouveaux copains. Tout cela est on ne peut plus ludique, on follow, on se fait follow back, on regarde, on s’immisce …. L’adddiction est en marche : on discute puis on échange franchement. On fait connaissance. Souvenirs émus, on fait de belles rencontres en cette période de découverte. Comment 140 caractères suffisent-ils pour ressentir de réelles affinités est une des énigmes à laquelle je n’ai pas de réponses. Parfois, un tweet suffit pour vous faire fondre ; un compte ami se profile. Le petit compte a cet avantage de l’échange. On « connaît » ses followers, on a une relation qui se noue : c’est cet aspect qui m’a tout de suite plus dans Twitter.

Mais Twitter c’est aussi un grand jeu vidéo virtuel, un immense jeu de rôle : la seule règle est d’une simplicité telle qu’elle en est déconcertante : augmenter son capital follower pour devenir un compte qui compte. Alors on met en place des stratégies, plus ou moins subtiles, on FAV, on RT, on hashtag (#) à tout va. On cherche le bon tweet, le bon mot, la petite subtilité qui fera le tour du monde, dans l’espoir de faire grossir le nombre de ses suiveurs. On se fourvoie dans les #onsefolowledimanchesanspression avec des follow back improbables (la faute d’orthographe aurait dû me mettre sur la voie). Très vite sa TL devient une succursale de fans de Justin Bieber ou des One Direction ; parfois même, des tweets dans une langue inconnu viennent-ils donner un peu d’exotisme à vos lectures.

Alors on dit stop : on vire, on ventile, on disperse. Mais il est déjà trop tard. La stratégie fonctionne et vous devenez un compte plus important : finis les échanges sympathiques, votre TL devient un petit condensé d’humanité. Vous êtes dieu regardant le monde, observant les hommes, voulant intervenir mais tellement frustré que vous vous contentez d’observer, amusé, agacé, frustré… Alors le vendredi, quand vous pouvez, vous faites des #FF (Follow Friday), pour dire aux gens que vous aimez les lire, que vous regrettez ce temps béni ou vous n’étiez personne, pour dire aux autres « eh, lui vous pouvez aller jeter un œil, c’est un compte sympa »….

Mais voilà, le temps de l’échange a évolué imperceptiblement. Difficile de faire marche arrière, vous créez un nouveau compte que vous verrouillez mais il est difficile de l’alimenter sans risquer les escarres (votre médecin vous l’a dit, pas plus de 200 tweets par jour). Difficile aussi de follow back tout le monde, d’autant que votre compte devient comme le « BLOB » : un monstre incontrôlable qui grossit tout seul.

On ne rencontre presque plus ses nouveaux followers, on les croise en permanence, et de la rencontre du début, il ne reste que quelques trop rares répliques, qu’il faut savourer. Alors n’hésitez pas à vous faire connaître des comptes que vous appréciez : ne tombez pas dans le spam ou le trollage, montrez juste votre intérêt. Et je vous livre ici le meilleur conseil qu’on m’ait donné à mon arrivée : Soyez vous-même…

Et une dernière chose, méfiez-vous de l’e-réputation…

 @sacrecharlemagn

Categories: Témoignages

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